Intrigue #1 : Système de dés

Sa tête est aussi vide que le néant et pourtant, c’est un torrent d’émotion qui s’y déverse. La tempête rend la visibilité impossible, ne laissant que le choix de naviguer à l’aveugle sur une mer apocalyptique. La fin du monde. C’est presque ça, qu’il a aperçu. Il avait fait la rencontre brutale de la mort dans sa forme la plus brute. Et elle ne fait rarement beaucoup de quartier, cette dernière. Et ça avait laissée une trace indélébile dans son esprit tourmenté. Comme si la mort avait atteint directement son âme. Celle-ci s’est éteint, temporairement, on l’espère. Cette épreuve avait achevé ce qu’il restait d’héroïque en lui, ne laissant que la coquille vide qui n’a jamais su ce qu’il était, ni ce qu’il voulait. Sa vie antérieure était toute tracé, par son père et puis par sa propre colère, il devait être un héros. Il n’y avait que ça qui comptait. Il devait, mais le voulait-il vraiment ? Il n’avait jamais eu à se poser la question et c’est pour ça qu’il s’en sortait dans son monde. Mais qu’en est-il maintenant que tout ça n'a plus aucun sens ? Comment ne pas se sentir minuscule et ne pas avoir le vertige face à la montagne qui lui semble impossible de gravir ? Cette montagne faite de choix et de remise en question. Et ça n’en finissait plus. Il ne savait pas sur quelle pierre se reposer. Et alors qu’il avait réussi à escalader quelques strates, le voilà face à une chute fracassante jusqu’en bas. Il est dur de savoir ce qu’on veut, quand on n’a jamais la possibilité de choisir.

A peine quelque jour qu’il a enfin quitté ce cauchemar, mais il y était encore. Son âme y était resté coincé, laissant ainsi la tourmente le posséder sans moyen de défense. Il est difficile de décrire son état autrement que léthargique et vide. Il existait et ça s’arrêtait plus ou moins à ça, parfois il avait des crises de nerfs qui sortaient de nulle part, parfois des crises de larmes. Il n’avait toujours pas vraiment oser fermer l’œil et les seuls minuscules heures de sommeil que son corps s’est autorisé, c’est quand il s’effondrait de fatigue et ne pouvait pas le contrôler. Mais ça ne durait jamais longtemps, le moindre bruit ou mouvement suffit pour le sortir du sommeil. Son appartement était dans un état tout aussi chaotique que lui, les sursauts, les peurs suffisent à ce qu’il perde encore le contrôle comme ce jour là et les cristaux de glace ont été fréquent. Il y en a un d’ailleurs tout frais vers l’entrée. Le logeur qui sonne, rien de bien fou mais suffisant pour lui faire peur.

Et après le départ du petit vieux, il était retourner se rouler en boule dans son canapé, son oreiller entre ses bras, à fixer le vide alors que le film qu’il a mis à la télé tourne en fond sans qu’il n’y prête vraiment attention. Il a tenté de suivre les images et les dialogues mais son attention était tellement coupé qu’il n’y comprenait strictement rien. Une histoire d’un vampire, allez savoir, il n’a rien suivi.  Et puis son ventre commence surtout à crier famine. Ah oui, il faut se nourrir… Mais c’est dur d’en avoir l’énergie. Pourtant, quand ça va, il n’a aucun problème à cuisiner, il aime bien même. Il arrive à se raisonner pour aller jusque-là cuisine et il fixe d’abord le contenu du frigo, rien d’inspirant… Mais il attrapa des champignon enoki et de quoi faire un bol de ramen. Peut être que ça lui remontrait un peu le moral qui sait ? Déposant ses ingrédients sur le comptoir, il va pour mettre l’eau à bouillir mais voilà que la sonnette retentit à nouveau. Evidemment qu’il a sursauté, mais pas de glace ni de flamme à l’horizon, du moins à part la petite flammèche qui a glissé de sa joue mais déjà volatiliser.

Il ignorait qui ça pouvait être et il redoutait que ce soit un membre de sa famille dont il refuse pour le moment d’y penser. Envisager qu’ils soient vraiment morts étaient bien trop violent pour son esprit. Abandonnant la cuisine, il allait donc ouvrir, la télé continua son bruit de fond derrière lui. Et son visage s’éclaircit un peu, mais pas énormément, ça n’allait pas non plus créer de miracle. C’était Eren. Il décroche un très faible sourire mais soupire bien vite. Il était surtout rassurer de le voir en forme et... entier. S’il s’en ait remis ? Il suffisait de voir sa figure pour voir que non. Il évite le sujet et saute directement à la suite qui arrive à le faire souffler d’un maigre rire. « Non non… enfin, tu peux enlever tes chaussures oui, s’il te plait mais, pas besoin d’offrande. » qu’il lui explique, le laissant entrer et s’installer un peu.

« J’étais en train de cuisiner, tu me suis ? tu en voudrais ? » qu’il lui propose, tentant peut être plus ou moins de cacher l’éléphant au milieu de la pièce, ou l’iceberg, plutôt.

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